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Laëtitia en road-trip en Australie

VOYAGER SEULE
L'HISTOIRE DE LAËTITIA, SUITCASER AUTOPROCLAMÉE

Publié le 27/07/2019

Loin des clichés de la grande baroudeuse, Laëtitia a décidé de partir faire un tour du monde solo avec une valise. Une envie d'espace, un déclic suite à un concert, elle vous explique comment un chagrin d'amour lui a finalement donné des ailes et l'a aidé à se construire. 

Peux-tu te présenter rapidement ?

Je m’appelle Laëtitia et j’ai 32 ans. J’ai grandi et fais mes études en Picardie et suis à présent parisienne depuis 3 ans et demi. Une description succincte voudrait que je précise que de un, je suis pharmacienne, de deux, passionnée de musique jusqu’à la moelle et de trois, que je commence à dessiner.

Tu es plutôt sac à dos ou valise ?

Loin des clichés de la grande baroudeuse, je suis plutôt valise, « une suitcaser » comme je me suis fièrement autoproclamée. Non pas par snobisme pour la voyageuse, la vraie, la dure mais tout simplement parce que mon petit dos supporte mieux la valise. Et puis, avouons-le-nous, je voulais me démarquer de toute la scène « backpacker ».

Quel est le dernier voyage où tu es partie toute seule ?

Ça n’est pas tout à fait mon dernier voyage seule mais c’est le plus long et le plus marquant : j’ai pris une année avant la fin de mes études, à 23 ans, pour faire un tour du monde solo. Bien entendu, ça ne s’est pas tout à fait dérouler comme je l’entendais et c’est ce qui a fait la beauté de ce voyage. Je n’avais pas de plan bien défini, mais l’idée de parcourir plusieurs pays, plusieurs continents me plaisait pas mal. Au fil des rencontres, je me suis attardée dans certains endroits en dépit d’autres. C’est comme ça que j’ai parcouru une bonne partie de l’Asie du Sud Est. Étant d’origine sino-cambodgienne, c’était presque un besoin vital, une quête identitaire que de retracer l’histoire familiale là où elle a débuté. Puis l’aventure a continué en Australie avant de s’achever sur la côte Est Américaine.

Pourquoi tu as décidé de voyager seule ?

Il y a une myriade de raisons pour laquelle j’avais décidé de partir. Tout d’abord, je vivais mon premier chagrin d’amour, sous la grisaille d’Amiens, coincée dans des études qui me semblaient interminables. J’avais envie de partir loin, très loin, voir des terres inconnues. L’ex copain de l’époque est un voyageur invétéré qui avait fait du monde, son terrain de jeu. J’avais envie de lui montrer que moi aussi, j’en étais capable, qu’il n’avait pas le monopole de l’aventure. Enfin, la musique aussi a eu son rôle : je fantasmais les routes d’Amérique après des heures à écouter Bob Dylan, le Velvet Underground etc… J’ai ainsi eu le déclic en sortant d’un concert, un soir de février où il neigeait à Paris : un crooner de Sheffield chantait les louanges d’une contrée perdue entre océans et falaises... et je voulais y aller !

Quel est ton meilleur souvenir de ce tour du monde solo ?

C’est compliqué de ne sélectionner qu’un seul souvenir tant ils se bousculent dans ma mémoire. Je me rappelle les moments de joies intenses et de franches rigolades mais si je devais n’en choisir qu’un, ça serait dans l’eau. Avec des amis rencontrés en auberge de jeunesse, on a roulé pendant des heures dans un van à 5, dans l’ouest Australien, sous une chaleur de plomb avant d’arriver dans la réserve de Karijini. On sautait dans de mini cascades pour se rafraichir avant de se laisser voguer par le courant et se faire surprendre par la température de l’eau. Moment divin !

Est-ce que tu as vécu une mauvaise expérience ?

Ça n’est peut-être pas le pire souvenir mais c’est le premier qui me vient en tête. Après des mois de labeur dans un pub de Melbourne, j’avais réussi à constituer un petit pécule pour partir en Nouvelle-Zélande. Seulement, lors d’une journée de road trip entre amis, j’ai décidé de conduire la voiture de luxe non assurée (bien que l’on m’ait interdit de le faire) et bam, ça n’a pas manqué, j’ai eu un accident en fonçant dans une autre voiture. J’avais non seulement gâché le dernier jour en Australie de mon ami Mickael mais j’avais en plus perdu toutes mes économies.

faire le tour du monde - l'histoire de Laëtitia

Comment tu t’en es sorti financièrement ?

Dès mon arrivée en Australie et aux Etats-Unis, il m’a semblé tout naturel de postuler pour des postes dans des bars et pubs. J’avais déjà eu l’expérience derrière le bar en Angleterre et me sentais à l’aise dans ce métier. J’y suis allée avec un CV bancal mais beaucoup de détermination et un grand sourire et j’ai trouvé très facilement. Les salaires sont bien évidemment plus intéressants qu’en France. À NYC, je n’étais payée qu’aux pourboires mais pouvais empocher 400 dollars en quelques heures dans mes meilleurs jours. Le soir, à l’appartement, je balançais en l’air mes coupures de 1 dollar et exultais ! Malgré tout ça, voyager, les transports, et le loyer coutant cher, j’avais un mode de vie très frugal. Heureusement qu’une solidarité backpackers s’était créée en Australie.

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Est-ce que tu as découvert quelque chose qui t’as surprise une fois sur la route ?

Des tas de choses haha, bien trop nombreuses pour toutes les énumérer. Un élément qui m’a beaucoup frappé en arrivant dans chacun des pays puis en rentrant en France c’est la notion de dimension, d’espace. Passer d’Asie du sud-est, où à Phnom Penh, les espaces étaient étroits, parfois confinés, aux grandes étendues de l’Australie, m’a beaucoup surprise. Même si on l’apprend dans les bouquins, y être confrontée c’est différent. Ainsi, aux Etats-Unis, tout me semblait gigantesque : du paquet de céréales aux grands 4x4. En rentrant en Picardie, j’avais l’impression que tout avait rétréci, même mon père…

Qu’est-ce que tu as appris sur toi-même lors de cette expérience ?

C’est bien connu, voyager seul, c’est aussi voyager à travers soi-même. Là encore, innombrables sont les choses que j’aurais appris sur moi-même. La première, comme pour beaucoup, c’est notre capacité à repousser nos limites. Être loin de son habitat naturel, nous force à sortir de notre zone de confort. Je me suis surprise à être moins introvertie que je l’imaginais pour me faire de nouveaux amis. Pisser en cercle entre copines dans la nature, les moustiques dans les spaghettis, camper pendant 5 semaines… ça peut paraître absolument anodin, mais chaque épreuve surmontée me laissait une intense satisfaction.

faire un tour du monde solo c'est aussi repousser ses limites

Une rencontre en particulier t’as marqué ?

J’aime l’idée que chaque personne que l’on rencontre est susceptible de changer notre vie. C’est clairement le cas d’Amélie et de Jared, rencontrés respectivement à Melbourne et NYC. Concernant Amélie, nous étions toutes les deux stressées par la recherche d’un logement et à la fois peu attirée par l’idée de rester entre voyageurs. Aujourd’hui, Amélie fait partie de mes amies les plus chères et elle est une grande source d’inspiration. Jared, c’est cet ex-amoureux rencontré aux États-Unis, avec qui j’aurais parcouru l’est-américain, du Michigan aux Carolines, en passant par les pires coins du Delaware.

Est-ce que tu as ressenti le blues de la maison une fois à l’étranger ?

Bien évidemment, la France, la famille, mes amis et le bon fromage me manquaient. Parfois, je me sentais coupable de délaisser mes parents alors qu’ils ne sont pas tout jeunes. Aussi, j’avais parfois le sentiment de rater des moments importants dans la vie de mes amis, ma famille et puis de perdre mon temps à caresser des kangourous au lieu de travailler. J’ai aussi retrouvé certains amis ou encore mon frère en voyage. C’est toujours un grand réconfort de retrouver une voix bien connue, un regard familier lorsqu’on se trouve à l’autre bout du monde. Heureusement, les nouvelles technologies nous permettent de garder le lien plus facilement. Donc oui, parfois j’avais ce blues et la nostalgie de la maison. Mais il était vite dissipé par la sensation qu’il y avait tant de possibilité de maisons. Je me suis donc vue vivre un peu partout lors de mes voyages.

Est-ce que tu t’es senti en danger ou bien seule à certains moments ?

La solitude est inéluctable lorsque l’on voyage. Je me rappelle avoir passé près de 24heures sans avoir adressé la parole à quiconque un jour à NYC et m’être ainsi faite happée par une grande vague solitaire. Souvent l’instinct de survie, veut que dans ces moments-là, on est plus ouverts aux autres, plus alertes face aux opportunités de rencontre. Voyager c’est aussi faire face à la peur de la solitude en y étant confrontée. Et oui, à plusieurs reprises je me suis sentie en danger. Un jour, à la tombée de la nuit sur une route désertique du grand ouest Australien, avec les amis, nous retournons au van après avoir crapahuté innocemment dans les vagues quand…. Quelle ne fut pas notre désarroi et frayeur quand on s’est rendu compte, que les clés du van étant tombées dans…. l’océan !! Je me suis immédiatement imaginée dévorée par toutes sortes de bêtes effroyables.

Comment s’est passé ton retour en France ?

L’année s’étant écoulée, le retour fut imminent. J’avais hâte de retrouver les miens, je savais que ça allait être la fête et beaucoup d’émotions. Ça n’est que quelques mois après le retour que cela a été compliqué. La nostalgie de l’année écoulée, de l’intensité de chaque expérience, m’ont vite frappée et il a fallu que je planifie vite d’autres voyages pour m’en remettre. Parfois, je me demande, peut-être ai-je autant apprécié ce voyage parce que je savais qu’il y avait une fin.

La vie new-yorkaise

Si tu devais recommencer, tu le ferais exactement pareil ou pas ?

Je ferais tout EXACTEMENT pareil !! Rien à jeter. J’avais très peu préparé mon voyage par pur laxisme me laissant parfois dans des situations difficiles. Mais mêmes ces situations me font soit sourire soit rire aux larmes encore aujourd’hui.

Quel conseil tu nous donnerais avant de partir voyager seule ?

Peu importe la raison pour laquelle on veut partir, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise raison. Dès que l’envie se fait ressentir, c’est déjà une raison suffisante. Mon conseil : FAUT FAIRE !

3 commentaires

  1. Nour le 4 septembre 2019 à 8:21 am

    Superbe temoignage et très encourangeant c est beau de lire cette expérience. Merci Leatitia c est un plaisir de te lire …

  2. Mimi le 4 septembre 2019 à 7:06 am

    Superbe témoignage, très touchant, très humain, très sincère, très humble.
    Merci Laetitia pour ce partage d’expérience.
    Non ton père n’a pas rétréci?, ton esprit lui s’est ouvert sur de lointains horizons et tu as gagné en hauteur de vue.
    Voles et vies jolie suitcaser .

    • Chris le 18 septembre 2019 à 8:45 pm

      Très intéressant !

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